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Je suis l’amant.

Il vous a fait rire et réagir avec sa lettre à Hubert, il récidive avec un autre texte percutant. Allez, laissez-vous flatter par la plume de Michael Melvin!

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Je suis l’amant…

Je suis l’amant que tu empruntes facilement par la voie de service. Celui qui t’attend, invariablement, dans l’aire de « ‘repos »’, comme un sandwich sec trop blanc à la durée de vie louche quand l’autoroute de ta vie devient terne, grise, que tu t’ennuies. Tu viens te ressourcer dans ma pittoresque campagne, comme si de rien n’était, et tu repars à fond de train, aussi vite que tu es venue. Tu me gaspilles et me laisses avec mon sourire de série B que je t’invente et te sers avec médiocrité. Ce sourire faux que tu lis bien, mais que tu fais mine d’ignorer, car ça simplifie tes choses, ta sécurité. Je suis ton consommable, je te suis périssable.

Je suis l’amant de marde, de marbre, de larve, je suis l’amarde. Je suis la chose sans colonne, l’invertébré par excellence, la limace de service qui te dit oui, à tout prix, gratuitement. Je cancelle ma mère pour une heure volée avec toi. Je mens aux miens quand un vide se forge en toi et que je deviens urgent. Je déroge de mon plan quand tu décides de m’intégrer au tien. Je renie ce que je suis quand tu me considères. Je suis malléable, mâle lamentable, je suis ce que ton agenda dicte. Je suis un pantin putain.

Je suis l’amant ayant vendu son âme à ton marché aux puces deux étoiles au bout du rang en garnotte contre une poignée de bonheur éphémère. Ma dignité se moque éperdument de ce qui reste de moi. Mon estime m’urine dessus et ma fierté me piétine froidement le visage alors que j’en redemande, aveuglé par l’espoir que tu fais miroiter de par tes yeux qui jouissent. Je suis risible, mais je ne vaux même plus une risée.

Je suis l’amant Miniwheats, dur en dehors, mais tellement mou en dedans. Une céréale que tu as laissée traîner dans le lait en quittant au petit matin et que tu retrouves effilochée, défibrée, le soir tombé. Je suis un socle, un cock, une queue, une nouille, une quenouille, une loque sur deux couilles. Le cœur en gélatine, le cerveau en bouillie, le membre en béton. Je m’érige, tu me diriges. Je ne suis rien.

Je suis l’amant pute qui fait style d’être en contrôle devant ses amis, ses collègues, devant toi, mais qui est tétanisé face au cadran, sachant que c’est lui qui décide quand il te subtilise à moi. Implacable, il te ramène à ton vrai monde. Celui de la logique, du cartésien, de la rationalité. Loin de la lubie folle et incongrue que je représente. Je suis ton communisme, beau sur papier, mais utopique en réalité. Tes mains qui branlaient le pervers; tes mains qui me balaient de leur revers; tes mains qui osent me saluer de loin quand personne ne regarde.

Je suis l’amant qui aspire pathétiquement à être baptisé le « chum ». Le valet qui rêve d’être le roi. La hyène qui se nourrit de la carcasse vide que délaisse le lion. La mouche qui se délecte de ta déjection. Le peuple agenouillé devant son gouvernement qui lui garoche son p’tit change dans la face en se vidant les fonds d’poches. Le pieux attendant vainement un signe de son divin. Je suis vide. Je suis amoureux. Je suis amoureux dans le vide.

Je suis l’amant, un secret sale, tabou, enfoui dans la vase, qui ne verra jamais la lumière du jour et qui s’éteindra dans l’agonie de sa solitude, sans nom, sans visage. Un souvenir à sens unique qui s’effritera comme la peau d’un lépreux. Une histoire qui s’affaissera comme les seins d’une mère qui allaite. Une masse floue dont on ne perçoit l’existence, submergée par l’eau calme et lisse. Un vague songe brumeux qui s’étouffera en silence, sans cri, sans adieu.

Enchanté, c’est moi, ton amant…

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