célibatvos histoires de marde

Ramer à l’envers du déni

La toute première fois où il m’a écrit, j’ai été touchée mais aussi attristée par son histoire. Cette histoire qui nous rappelle à tous que l’abus et la violence n’ont pas de sexe, ni leurs victimes d’ailleurs, et que des gens malheureux il y en a plein autour de nous et surtout que, trop souvent, il souffrent en silence.

Quand je lui ai dit que je publierai son texte, il m’a répondu ceci :

“Est-ce que tu peux me donner un petit peu de temps avant de publier? J’aimerais prendre le temps de me relire une couple de fois comme il faut. C’est dur de ramer à l’envers du déni … Merci beaucoup pour ton support. ”

Alors j’ai attendu la deuxième version, qui fesse tout autant que la première mais qui est légèrement différente. Parce que, voyez-vous,  il tenait, entre autre, à remplacer certains “toujours” par des “souvent” dans son texte. Parce qu’il voulait raconter les choses comme elles sont, sans trop généraliser, sans altérer, et c’est ce que ça a donné que je vous partage aujourd’hui.

Je le publie en espérant que ça lui fasse du bien de savoir qu’il ne souffre plus en silence et surtout, que maintenant qu’il a osé en parler, ce sera le début de la fin de son cauchemar.

Et ce serait facile de dire qu’on ne comprend pas comment il s’est laissé embarquer dans une telle relation mais rappelez-vous qu’on porte parfois des blessures qui nous font accepter des choses qui ne sont pas bonnes pour nous. Alors nul besoin de le juger, il le fait déjà bien assez lui-même, les mots d’encouragements et les pistes de solutions par contre, seront certainement les bienvenus.

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Ma marde à moi

Nous nous sommes rencontrés il y a 17 ans dans un bar. J’étais un peu éméché alors j’ai renversé de la bière sur elle. Elle m’a engueulé alors j’ai du beaucoup discuter avec elle pour la calmer. Et c’est ainsi que nous avons fait connaissance.

La première fois que je suis allé chez-elle, c’était après mes cours du soir. Je lui ai dit que j’arriverais tout de suite après ceux-ci. Une fois le cours terminé, je me rends donc chez-elle en passant par le dépanneur question de ne pas arriver les mains vides. Elle a considéré mon détour au dépanneur comme un retard et elle m’a engueulé comme du poisson pourri.

En voulant réparer les choses, j’ai décidé pour notre rencontre suivante de lui faire une surprise et je lui ai offert une paire de billets pour un spectacle. Elle m’a encore engueulé parce que ce n’était pas elle qui avait choisi le spectacle qu’on allait voir.

A partir de ce point j’aurais beaucoup de difficulté à raconter la suite sans répéter beaucoup de crises de colères. Au fil des ans, elle a brisé des meubles, elle a brisé des cadres de portes, elle à brisé des fenêtres et beaucoup d’objets m’appartenant. Vous n’avez jamais vu la colère si vous ne l’avez pas vu en colère. J’ai toujours été contre toute forme de violence alors je n’ai jamais haussé le ton en m’adressant à elle.

Dire que nous n’avons pas eu de contacts intimes serait mentir. Elle m’a déjà envoyé un coup de poing dans les testicules tellement fort que j’ai dû aller à l’hôpital. En dehors de ça, je peux dire que je n’ai pas eu besoin de plus d’une boite de capotes au cours des dix dernières années.

Elle m’a toujours beaucoup dénigré. Après trois heures de voiture pour aller visiter les beaux-parents, elle m’a laissé avec eux pour aller sortir dans les bars.

Elle est très souvent en train de texter avec des gars sur son téléphone. L’autre jour nous étions au restaurant avec les beaux parents et elle ne s’est pas privée pour passer l’essentiel du souper à texter à son “ami” devant tout le monde.

Elle ne refuse pas catégoriquement que j’ai des amis mais c’est tout comme. Une chose est certaine est que je ne peux pas inviter mes meilleurs amis à la maison, ils ont trop une mauvaise influence sur moi. Pour les autres, la maison est toujours trop moche pour qu’elle n’ait pas honte de recevoir de la visite. C’est difficile d’entretenir des amitiés solides dans ces conditions.

Elle est extrêmement jalouse. Elle m’a déjà engueulé parce j’ai regardé à gauche et à droite en conduisant avant de repartir à un stop. Elle m’a déjà engueulé parce que j’avais la trame sonore du Fabuleux destin d’Amélie Poulain sur mon iPod. J’imagine que pour elle, écouter la musique d’un film portant un nom de fille, ça doit être une forme d’infidélité.

En 17 ans, elle n’a jamais payé sa part du loyer, ni de l’électricité, ni les taxes, ni le téléphone, ni l’internet. Elle travaille pourtant mais son argent c’est pour elle et pour elle seulement. Elle trouve quand même le moyen de toujours se plaindre que la maison est moche. Nous avons un compte conjoint depuis des années pour nos dépenses communes. J’y dépose 120$ par semaine. Je n’y jamais retiré un seul sou. Elle n’a jamais déposé un seul sou.

Elle accumule beaucoup de choses inutiles dont elle refuse de se débarrasser. Par exemple, elle conserve encore tous ses cahiers d’école depuis le primaire et toutes sortes de cochonneries. La maison en est pleine. Nous sommes vraiment encombrés. J’ai parfois dû manger par terre parce qu’elle remplit souvent la table de cuisine au point où c’est impossible de s’y faire une petite place. Si je dois quitter la maison pour une soirée, je dois m’attendre à ce que le comptoir soit un comble de vaisselle sale à mon retour.

Je ne prends presque jamais de vacances. Je crois que ma dernière semaine de vacances complète remonte à 2003. Vous ne pouvez pas imaginer ce que c’est de voyager avec elle. Une fois, nous étions dans un hôtel dans un coin perdu en Ontario. Il était 22h30 et nous venions d’arriver à notre chambre et j’étais fatigué d’avoir conduit des heures. Elle m’a alors engueulé parce qu’elle exigeait un fromage. Je suis donc parti à la recherche d’un fromage mais tout était fermé. Par miracle, j’ai trouvé un dépanneur encore ouvert et je lui en ai acheté un. Une fois de retour à la chambre d’hôtel, elle m’a engueulé parce que ce n’était pas un assez bon fromage. Inutile de vous dire que j’ai quelques réticences à l’idée de retourner en voyage.

Je ne fouille jamais dans ses affaires, mais récemment j’ai fait une exception et j’ai regardé ses courriels. J’ai découvert qu’elle rejoint un gars à sa chambre d’hôtel, elle lui écrit des trucs mielleux du genre “Je trouve que notre dernière soirée à passé trop vite.” et lui l’appelle “princesse”.

Nous avons un garçon. Dans les sept dernières années, mes beaux-parents n’ont jamais accepté de le garder afin que nous puissions avoir un peu de temps pour nous deux. Par contre, j’ai découvert qu’ils n’hésitent pas à le garder pour donner à ma blonde l’occasion d’aller rejoindre celui qui l’appelle princesse.

Ça m’arrive de faire le rêve que mon médecin m’annonce que j’ai une maladie incurable et que je vais mourir bientôt. Je déteste faire ce genre de rêve. Lorsque je me réveille, je suis déçu de me rendre compte que ce n’était qu’un rêve.

Voilà, je n’en avais jamais parlé à personne. Ça m’a fait un bien énorme. Merci.

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