le commencement
Commençons par le commencement.
Je me souviens très bien de mon tout premier « amoureux ». J’avais 8 ans et à cet âge là, on s’entend qu’on n’apas besoin de grand-chose pour être qualifié d’amoureux. Fallait juste dire qu’on l’est et voilà! Boum, on est ensemble.
Câline que c’était simple les relations amoureuses à cet âge-là. Pas besoin d’acheter des fleurs, juste trouver un trèfle à 4 feuilles et l’offrir valait toutes les roses du monde. Zéro pression pour aller au resto ou prendre un verre: offrir une moitié de sa gomme balloune faisait la job. Surtout, tellement pas nécessaire d’être un expert du sexe, savoir jouer au trou d’cul était ben en masse pour être cool.
Quand ma vie amoureuse a commencé, j’allais au camp de vacances avec mon frère. On y allait chaque été, mais cette fois-là j’avais remarqué quelque chose qui m’était totalement passé inaperçu auparavant : un beau gars. Avant ça, pour moi, les gars c’était soit niaiseux, soit achalant et généralement tout simplement les deux. Mais pas lui.
Quand nos groupes se croisaient, parce qu’étant plus vieux que moi il était dans un groupe différent, je sentais son regard s’attarder un peu sur moi. Pas un regard de “Ouache, une autre qui s’habille chez Croteau” mais plutôt un regard curieux. Des yeux qui trouvent, mais qui ne savaient même pas qu’ils cherchaient (un peu comme moi quand je vois du chocolat et que j’étais partie acheter des fruits ou des légumes) . Vous savez, une tête qui se retourne et qui fait un genre de demi-sourire.
Puis un jour, il m’a souri, pas à moitié, au complet et moi, je ne savais plus où me mettre tellement j’étais surprise. Eh oui, je l’avoue, la première fois je me suis retournée pour voir à qui il souriait comme ça. Je fais encore ça aujourd’hui! La différence c’est qu’en général, oui, effectivement, le gars regarde une autre fille en arrière de moi…
Mais revenons à mon beau mec du camp. Ses sourires sont devenus de plus en plus fréquents et je commençais non seulement à m’y habituer, mais aussi à aimer ça! Pour la première fois de ma vie je vivais ce sentiment qu’onrecherche toute sa vie durant, un peu comme les héroïnomanes recherchent le buzz de leur premier fixe, j’avais les fameux, les uniques et les absolument incomparables papillons dans le ventre. Quel beau sentiment! Comme dans les montagnes russes, mais sans l’envie de vomir!
Puis quand eut lieu la fameuse soirée de danse du samedi soir, celle avec de la musique, du popcorn et de la liqueur, la soeur de mon kick est venue me voir. Là, elle m’a posé la question à un million de dollars: « Veux-tu sortir avec mon frère? »
Mon égo n’endosse pas ce qu suit, mais je vous jure que ce que j’ai répondu, du haut de l’innocence de mes 8 ans c’est « Sortir… euh, oui, ok…mais pour aller où? ».
Sa sœur a ri puis, comprenant probablement par mon regard figé et mes sourcils en accents circonflexes qu’elle me perdait n peu plus à chaque seconde, elle m’a dit
« Je veux dire… Veux-tu que mon frère soit ton chum?»
Ah, ok!
J’ai timidement dit « Oui » et c’est comme ça que je suis devenue la blonde de Billy. Pis ça a été pas mal ça. On a continué de se croiser et de se sourire jusqu’à la fin du camp, je pense même qu’une fois on s’est dirigés quelque part la main dans la main, mais c’est tout. C’était mon premier chum et j’aimais l’idée d’être avec lui… même si je ne l’étais finalement jamais réellement. Juste 8 ans et déjà en amour… avec l’amour.
Et c’est ça qui a contribué à faire déraper la suite de mes amours impossibles, improbables ou les deux.
L'amour est un «je-ne-sais-quoi» qui vient de «je-ne-sais-où» et qui finit «je-ne-sais-comment». Madeleine de Scudéry
Oh oh. Vous avez Billy de Julie Masse dans la tête hein? Ah ah ah, oups!