Vaut mieux tu-suite que tantôt
Imaginez. : vous tombez en amour.
Ben raide.
Genre Big-badaboum
Tsé, tomber en pleine face mais avec le sourire.
Vous buvez ses paroles, il se gargarise des vôtres; vos yeux dans la graisse de bine font du temps supplémentaire; quand vous pensez à lui vous soupirez comme un enfant devant un Dairy Queen, bref, vous êtes complètement accro.
Et là ça se bouscule et tout va très vite parce que le coup de foudre, ça veut souvent aussi dire l’amour en 4ième vitesse. On s’aime comme des fous? Bon ben soyons fous all the way, ça fait qu’on se projette jusqu’en 2017 et qu’on a même pas vu un cycle de lune passer qu’on parle déjà de partager une adresse et faire des doubles de clés.
Tout le monde autour dit que c’est un peu vite mais on s’en fout. Sont juste jaloux!
On pas eu le temps de fredonner l’air du Clan Panneton que nous voilà devenu partie d’un clan nous-même. Et au début, c’est le bonheur total. Bin kin! Un peu comme le bonheur d’un enfant qui couche dans une tente plantée dans la cour : C’est l’fun, on joue à la « maison » comme quand on était petit, c’est heureux, c’est festif, c’est l’party..
Jusqu’à ce que le vent lève, que la pluie commence et que le froid s’installe. Mais dans votre cœur.
Ou, dans la vraie vie et sans métaphore : jusqu’à ce qu’on apprenne à connaître réellement la personne. Parce que quand on est ben en amour, on demande plus souvent « C’est quoi ton plat préféré » en espérant pouvoir lui cuisiner que « Toi, tu penses quoi de l’influence de la charte sur le déclin du Parti Québécois? » en espérant le cuisiner.
Et c’est normal. Quand tout-il-est-beau-tout-il-est-merveilleux et qu’on passe plus de temps à échanger des fluides que des discours profonds, ben on reste en surface et c’est cute la surface! Pendant un temps. Mais, la vraie vie oblige, il arrive qu’on s’aperçoive que la surface était pas mal trop mince pour soutenir nos deux poids et là, boum, on tombe. Et généralement , ça fait mal en tabarna*k.
C’est toute une chute se rendre compte que amour-de-notre-vie est d’accord avec des trucs qui nous font hérisser le poil sur les bras et/ou contre ce qui est pour nous une conviction.
Quelqu’un m’a raconté un truc du genre cette semaine. Être emménagée bien vite avec celui qu’elle croyait être Monsieur Le pour se rendre compte qu’il était aussi Monsieur Le-tu-me-niaises-tu-penses-pas-ça-pour-vrai?
Ne pouvant poursuivre ni partager sa vie avec cet homme aux convictions diamétralement opposées aux siennes (lire: plus capable de s’imaginer habiter une seconde avec un *sti de weirdo d’même), elle a du prendre des clics et ses clacs et déménager à nouveau, les yeux plein d’eau, le cœur en miettes et la vie en boîtes.
Je n’ai pas envie de la juger, de lui dire « Mais tu aurais pu lui demander ce qu’il en pensait avant » et j’ai surtout zéro envie d’en rajouter à son calvaire actuel. Mais j’ai vraiment envie de vous (nous) rappeler que c’est pas faux que l’amour rend aveugle. Ou qu’il nous fasse voir la vie avec des œillères, à tout le moins.
En amour, on ne voit que ce que l’on veut voir, on est comme saoulé par l’amour et vous l’savez comme on est bon pour avoir du jugement quand on est saoul, n’es-ce pas?
Alors je vous donne ce conseil que j’aurais tellement aimé entendre quand j’avais 19 ans et, à nouveau à 37 : vous avez des amis, vous avez de la famille, au pire vous m’avez moi, servez vous de ces gens comme les chiens Mira de votre vie. Demandez-leur ce qu’ils voient et pensent de votre vie et de vos plans amoureux. Si tout le monde vous dit que c’est trop vite, trop ci ou pas assez ça, ok, ils sont peut-être tous dans les patates.
Mais des fois, dans la vie, faut se rendre à l’évidence et sortir de sa petit bulle et réaliser que non, TOUT le monde peut pas toujours être dans le champ pendant que vous SEUL détenez la vérité, right?
Ça fait que de grâce, écoutez la petite voix qui vous dit « Wooo les moteurs », entendez la voix des gens autour qui vous disent « Ah oui? Me semble que c’est vite un peu tout ça, non? ».
Demandez!
Aux autres mais aussi à vous même. Si vous ne voulez pas demander, y’a de bonnes chances que ce soit tout simplement parce que vous n’avez pas envie d’entendre la réponse. Et donc… vous l’avez probablement déjà.
Avant de vouloir aller trop loin trop vite, de vouloir jouer à la maison, jouez aux adultes et dites-vous et demandez vous les vrais affaires. Quitte à être déçu, parce que vaut mieux tu-suite que tantôt.
On a tous envie d’être heureux et en couple mais il ne faut jamais oublier que le vrai amour, il est patient, il ne s’en ira nulle part.
Et que c’est pas mal moins long changer son statut sur facebook que son adresse au bureau de poste…
Bonjour,
Je voualis juste dire que malgré le fait d’etre née au Québec, cela m’a toujours ébahie la façon et la vitesse avec laquelle les couples se forment ici. Une couple de date, un one night et on est en couple. Il n’y a peu ou pas de « fréquentation préalable » où on apprend à se connaître, s’apprivoiser… On dirait que les hormones, les apparences, la surface et le désespoir – du temps qui file sans qu’on soit parvenu au chum, la maison, et les enfants – sont tous des facteurs qui précitent la création du couple.
Et le pire, c’est qu’on se sent obligée de suivre le pas, au risque de ne jamais trouver l’âme soeur. On croirait que la consommation de masse détermine le succès de l’opération. Celui là ne convient pas, on passe à l’autre et vite parce qu’on n’a pas de temps à perdre…
Après la tendance slow food, on devrait essayer la tendance slow love…
Slow love oui!!! C’est exactement ce que je vis et j’adore ça! Je suis bien d’accord avec toi sur la rapidité de la « mise en couple » ici…
Quand on va sur les sites de rencontres, quand je regarde les fiches ou les commentaires de femmes de mon groupe d’âge, il semble que pour beaucoup d’entre elles, le critère principal soit l’apparence physique: j’ai 51 ans. Est-ce que ces personnes veulent vraiment aimer ou simplement être en couple avec un beau « trophée »?
Pas plus que pour les hommes j’imagine. Mais je pense que la rapidité de se caser dépasse largement la simple apparence physique.
Audrée, je dirais autant. Alors que c’est de bon ton de dire que les jeunes sont superficiels (à cause d’Occcupation Double, entre autres), les gens de mon âge devraient peut-être se regarder, et je ne parle pas du physique 🙂