célibatvos histoires de marde

Cher toi…

lettre PoltronIl y a quelques semaines, une fan de la page m’a envoyé cette lettre, qui ne sera jamais lue par le poltron en question. Par contre, je crois que vous apprécierez.

Les noms et les lieux ont été changés; les émotions restent les mêmes.

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Cher toi,

Il y a deux mois, tu m’as tendu des perches à quelques reprises, pour ne pas dire à n’en plus finir. Je te plaisais, c’était évident. On s’est croisé à deux reprises en compagnie d’amis communs et j’ai vite senti que tu avais envie de m’inviter à sortir.

Devant ce qui me paraissait être de l’insistance de ta part, j’ai tenté de te rendre la pareille malgré mes grosses pépeines de cœur récentes en te proposant qu’on aille prendre un verre. Je ne laisse pas mes peines et mes deuils m’empêcher de faire de nouvelles connaissances, et j’aime bien les gens volontaires. En tous cas, pas mal plus que ceux qu’il faut aller chercher par la peau du cou. Et chose assez rarissime, tu semblais être quelqu’un d’assez volontaire et dégourdi. J’avais une sincère envie d’apprendre à te connaître. Tu as pris les rênes de la situation et à mon grand plaisir, on est allés manger ensemble une première fois.

J’ai passé ma première excellente soirée en compagnie masculine depuis des mois. Tu étais aimable, drôle, galant, poli, plein d’esprit. On m’avait dit que tu venais « d’une bonne famille ». Ça paraissait. Ça faisait du bien. Enfin! Quelqu’un avec qui les codes sont clairs et qui n’a pas juste une bonne instruction, mais aussi une bonne éducation (damn, je parle comme ma grand-mère!)! J’ai même glissé en blague (OK, c’était une semi-blague!) à des copines, peu de temps après cette soirée que je croyais « avoir rencontré mon mari ».

Méchante CDF…

On a ensuite eu deux autres sorties ensemble, presque dans la même semaine. Tu as même essayé de m’embrasser le deuxième soir. Je me suis légèrement détournée, car bien que tentée, je n’étais pas dans l’urgence ni la passion monumentale. Le lendemain, on est allé manger une crème glacée. En te quittant, je t’ai même embrassé furtivement sur les lèvres, au métro Mont-Royal. Je pense que j’ai voulu te signifier que j’étais très encline à te connaître, mais vraiment pas pressée.

De toi, j’ai aimé la générosité, la volonté, l’énergie, l’intelligence, les yeux bleus, l’humour, la sensibilité, la culture, la douceur et la gentillesse, la capacité à être plus « loud » que moi, pour ne nommer que ça. Est-ce que je t’ai trouvé parfait? Non. Intéressant, oui. Est-ce que j’avais la passion qui me montait dans le ventre et dans tout l’être? Non. Pis pour moi, c’était ben correct de même. Nos passions nous ramènent beaucoup trop souvent à nos vieilles blessures. Pis à un moment donné, ben ça va faire, le grattage de bobo! Je suis prête à une relation où je suis heureuse, où je vis un vrai partage, mais une relation qui ne m’empêche plus de dormir.

Après quelques sorties qui me semblaient réussies et quelques échanges plutôt intéressants, je fus plutôt surprise, du jour au lendemain, de ne plus te voir réciproquer. Ni en paroles, ni en textos, ni en gestes. Cela dit, je fus mille fois plus surprise de ne recevoir aucune explication, alors que nous sommes appelés à nous côtoyer de temps en temps dans le même cercle d’amis, même si c’est assez rare. Le minimum syndical, il me semble, aurait été de me dire que ça ne t’intéressait pas. J’ai même osé demander à Phil s’il savait quelque chose, ce à quoi il a répondu par la négative. Dans un party, sa blonde m’a à son tour interrogée, ignorante de ce qui se passait entre toi et moi, et m’a demandé comment allaient mes « fréquentations » avec toi. Tu sais ce que je lui ai répondu? Un haussement d’épaules perplexe et un méga point d’interrogation au milieu du front.

Que dire? Un jour, j’avais l’air d’intéresser l’homme comme l’air est intéressé par l’oxygène, et le lendemain, plus du tout. Ça arrive souvent. Je le déplore, mais beaucoup de gars et de filles font ça (je dis gars et filles, parce que c’est assez ti-gars et tite-fille, ce comportement-là) : fuir par la porte d’en arrière, sans demander son reste. T’sais, on va essayer de passer à un autre appel en douce. T’sais, sans que ça paraisse. On n’aura pas à s’expliquer. On aura juste à laisser tomber pis faire « comme si de rien n’était ».

Breaking news :
1 -Ça paraît.
2 – T’avais pas à te justifier. Juste à le dire que ça ne t’intéressait pas. De l’assertivité, t’sais. Que les choses soient claires. Bien sûr que ton silence est clair. Mais voici pourquoi il est important pareil que tu dises que non, il n’y aura pas de suite.
3 – Parce que ta réputation personnelle.

Remarque, maintenant que la réputation n’a plus grande valeur puisqu’on peut changer d’amis, de job, de blonde, de quartier quand bon nous semble et qu’on peut faire semblant de vivre sur Facebook, ça ne change pas grand-chose si on se comporte en malappris, qu’on soit homme ou femme.

Il y a deux jours. 5 à 7 de l’anniversaire d’Élodie. T’étais là, avec ton coude cassé. Au moment même où j’ai demandé à Phil d’échanger de place avec lui pour pouvoir te parler de plus près, tu t’es mis tout de suite à jaser avec Bruno alors que j’essayais justement de te parler, à toi. Sais-tu combien d’orgueil j’ai dû mettre de côté pour essayer de te parler? J’ai essayé, après avoir jasé presque une heure avec d’autres, d’aller te voir. JA-MAIS je ne me suis senti aussi peu la bienvenue dans l’environnement immédiat de quelqu’un. Me parler te semblait surhumain, laborieux et aussi tentant que de te faire opérer la prostate. J’ai essayé d’être chaleureuse quand même. T’sais, je suis bien élevée et on est en public. Mais on a effleuré la job, la météo et ton coude cassé. C’est tout. J’ai essayé avec diplomatie de te paver la voie pour me donner un semblant d’explication. Niet. Nada. Rien pantoute.

Je vais te le dire straight comme c’est : c’est lâche. C’est cavalier. Encore plus venant de toi, p’tit bum de bonne famille de presque 40 ans. Que je t’intéresse ou non, ça ne se fait pas. Ça ne t’intéresse pas. Fine! Ça a peut-être tout à voir avec moi, peut-être pas. Je serais bien prétentieuse de penser que ce n’est qu’en raison de ce que je suis ou ne suis pas que tu t’es mis à être aussi froid qu’un iceberg de 3000 ans.

Je ne suis pas une fille parfaite, cher Faux-mari. Je ne suis pas gênée en public, mais je suis sentimentalement timide. Je suis un peu know-it-all, je parle à tout le monde, je parle, j’écris beaucoup. Je me sens bien surtout quand j’écris. Je n’aime pas le hockey, je suis chaleureuse, je peux prendre de la place en masse, j’ai l’air arrogante, je suis un peu féministe sur les bords et ça gosse sûrement bien du monde, mais j’aime vraiment les gens. Je suis douce, généreuse, sociable, mais j’aime aussi la solitude, la tendresse et la délicatesse. Je suis tout le temps en retard, je dépense trop à mon goût et malgré mes talents culinaires avérés, je moffe ma recette de pain aux bananes une fois sur deux. Mon poulet aux olives et aux citrons confits, lui, est toujours excellent.

Je ne mesure plus ma valeur à l’intérêt qu’on me porte, cher Faux-mari. N’empêche, j’ai trouvé ça poche. Poche que tu ne dises rien, mais surtout poche de me faire sentir comme une moins que rien quand tu m’as vue, avec ta politesse toute lisse. Pis non, je ne t’ai pas salué avant de quitter le bar. Y’a toujours bien des maudites limites à me faire manquer de respect et à manquer d’orgueil! Je n’ai pas besoin d’être traitée en princesse. Juste d’être considérée normalement, au même titre que les autres amis sympas qui sont présents. Je préfère être respectée à être aimée… même si je crève d’envie parfois de revivre ce fantasme vivant qu’est celui de l’amour fou.

Il y a d’autres hommes sur la Terre. Il y en aura sûrement à qui ça tentera vraiment à un moment donné de faire un bout de plus d’une semaine avec moi et qui ne craindra pas de me le dire et d’agir conséquemment, et ce, sans que j’aie besoin d’écumer les sites de rencontre douteux.

C’est correct, je suis passée à autre chose depuis quelques semaines déjà. Je ne suis pas une dateuse en série, mais je sais quand même comment ne pas (trop) m’ennuyer sans homme dans ma vie. J’ai même éprouvé une soudaine attirance très forte pour un autre type très récemment. Passé 30 ans, je ne perds plus mon temps à essayer de comprendre ce qui ne m’est pas accessible… même si ça écœure solide. Faut donc que je décroche. C’est juste que lorsque mes principes de savoir-être sont écorchés, j’ai envie d’arracher la tapisserie des murs. Mais plutôt que de m’imposer des travaux de peinture non requis pendant des semaines, je noircis du papier.

Je suis déçue, mais c’est d’même. Tu peux avoir mille raisons, je ne saurai jamais pourquoi… C’est chiant. C’est « d’même ».

Un bémol toutefois. Si je prends le temps de t’écrire ça, sache que c’est dans l’espoir que tu puisses me jeter un regard minimalement sympathique et non pas faire comme si j’étais aussi intéressante qu’une potiche ou un coussin en macramé. Ne serait-ce que pour éviter un malaise aux autres? T’sais, par décence. Par respect élémentaire. Parce que t’es un gars bien élevé pis que feu ta mère te trouverait franchement colon de te comporter ainsi face à une femme.

Même si pour je ne sais quelle raison, je te déplais, je ne t’ai rien fait, que je sache. Et si j’ai fait quelque chose qui t’a heurté, j’aimerais gros ça que tu me dises quoi, que je puisse te demander pardon en bonne et due forme. Je te connais si peu. Je ne sais pas qui tu es, ni où tu en es dans ta vie. Si c’est uniquement que je te déplais, tough luck. That’s life.

Je ne suis pas si fâchée. Déçue, oui. Surtout parce que là, je me demande comment se comportent les autres hommes de ta génération, si toi tu avais des manières, de la culture, du cœur et de la conversation! Qu’est-ce qui m’attend, bon sang? Je préfère ne pas le savoir. Et rester célibataire.

Prends soin de toi. Te souhaite que tout ce qu’il y a dans ta tête, ton corps et ton cœur se répare, peu importe tes bobos, que le problème soit tes os ou tes sentiments.

Bon samedi, pis n’oublie pas de donner du thon à Guidoune si tu ne veux pas qu’une deuxième femelle te pète sa coche sur deux pages et demie aujourd’hui…

Ta CDF de fausse épouse,

S.

 

 

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9 réflexions sur “Cher toi…

  • J’ai été inscrite sur Réseau contact et cette forme de disparition masculine inexpliquée ne m’est pas étrangère! Remarquez que les femmes font peut-être ça aussi, je ne le sais pas parce que je rencontrais des hommes. Alors, tout semble bien aller et le gars disparaît soudainement dans la nature. Si tu essaies de communiquer avec lui, il ne répond pas ou te bloque. Pas plus compliqué que ça. Au début, je cherchais des raisons à cette disparition soudaine sans avertissement. Était-ce parce que ça faisait quatre fois qu’on se voyait et qu’on avait pas encore couché ensemble? Était-ce parce que ça faisait deux fois qu’on se voyait et qu’on avait déjà couché ensemble? Était-ce parce que j’étais végétarienne? L’avais-je blessé sans le savoir en paroles ou en action? Je cherchais. Et puis, j’ai compris qu’il ne fallait pas chercher à comprendre. Les hommes disparaissent comme ils sont apparus. Loi de la nature. On ne comprend pas mais on se protège. Ce gars avec qui je suis si bien ce soir, il peut tout à fait disparaître demain. Comme ça. Du coup, on devient bouddhiste en amour et on croit sincèrement à l’impermanence. Ça permet de vivre à fond le moment présent. le ici maintenant. Les projets, on se les fait toute seule. Nul n’est si bien servi que par soi-même.

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    • Ce soir, j’ai un RDV avec quelqu’un avec qui je correspond en ligne depuis 3 semaines.J’ai une trouille pas possible. En tant que femme, il faut que je me protège et pour se faire, j’ai écumé Internet avec le peu d’information qu’il m’a donné sur lui eh ben… rien. Beaucoup de gens laissent des traces sur Internet mais lui, nada. Du coup je me demande si son nom est le bon, s’il est prof comme il le dit et si le numéro de cell qu’il vient de me donner est bien à lui. Oh et en plus, il n’est jamais en ligne le soir hmmm…louche. Bref, je vais surement en savoir plus ce soir s’il se pointe au RDV. En attendant, j’angoisse parce que ce n’est pas la première fois que je me fais avoir, p-etre pas en ligne mais avec des mecs qui ne savent pas ce qu’ils veulent. Je ne sais pas c’est quoi le problème au Québec avec les mecs mais y a un truc qui cloche. Je ne dis pas ça pour etre raciste, loin de moi l’idée alors que le Québec est mon pays depuis que je suis toute jeune. Par contre meme quand je regarde nos voisins anglophones, je constate qu’ils ont beaucoup moins peur de l’engagement. Au point de vu dating, Montréal me fait penser à New York, ville reine du célibat. Bref tout ça pour dire que je suis tannée et que j’aimerai bien trouver mon petit québécois à moi pour passer de bons petits moments et planifier une douce marche vers un age plus mur.

      Désolée pour le manque d’accents sur les voyelles.

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  • Quand même intéressant de voir que tout ce qui est écrit dans ce texte, j’aurais pu l’écrire, mais dans mon cas, le sexe des protagonistes auraient été inversé…

    Alors oui, je le confirme, ce manque de courage n’est nullement réservé au genre masculin, puisque cette façon de faire, je l’ai vu à de multiples reprises… Ou bien c’est simplement que certaines personnes envoient des signaux qui mêlent tout le monde…

    Dans le temps, on surnommait les filles qui utilisaient ce type de comportement des « agaces-pissettes ». On croit qu’on les intéresse, on les invite à prendre un café, à aller au resto, on échange quelques courriels ou textos et puis c’est le silence radio, on existe plus… Et on se demande: « Mais qu’ai-je bien pu dire ou faire? ».

    Je me suis même déjà surpris, pendant un silence radio, à écrire à une femme qui m’intéressait et qui semblait aussi être intéressée à moi et à lui demander pardon si j’avais dit ou fait quelque chose qui aurait pu la blesser… Quelle fut sa réponse? Rien… Silence radio… Avec le recul, je me suis dit que j’ai certainement passé pour un instable émotionnel…

    Alors soyez rassurés, cette façon de faire un peu « lâche » n’est ni féminin, ni masculin, je crois que c’est simplement humain… Peut-être que pour des personnes comme votre poltron ou mes agaces-pissettes, elles aiment susciter des réactions, voir des gens « tomber » sous leurs charmes… En quelque sorte, ça doit être une façon d’exercer du pouvoir sur les autres, de les manipuler, de profiter un peu d’eux, de se sentir aimer sans avoir à aimer en retour, bref, un bel exemple de narcissisme… Imaginez, sentir que des gens vous aiment et vous désirent, c’est quand même grisant, non? Tous les artistes qui se font applaudir à tout rompre le disent, c’est une vraie drogue…

    Alors peut-être qu’il faut chercher de ce côté avant de penser que ce comportement soit lâche… J’ai tendance à penser que c’est plus un sentiment d’égoïsme et digne de Narcisse, bref, un comportement sans aucune empathie envers les autres… J’ose croire qu’au travers tous ces disciples du Moi, il reste encore des gens qui peuvent penser à toi…

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  • Bizarre. Je sens une généralisation des hommes de la part des femmes et ça semble acceptable. Et quand un homme généralise les femmes, cela semble inacceptable. Selon moi, c’est acceptable ou inacceptable dans les deux cas.

    On généralise les défauts de l’autre sexe (on généralise rarement ses qualités, dommage!) parce qu’on a toujours ou très (trop) souvent vécu les mêmes expériences négatives, à répétition.

    Nous, hommes et femmes, devrions faire une remise en question personnelle.

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  • Parfois on se fait des scénarios dans notre tête et on y croit vraiment.
    Mais comment dire à qq’un que ça ne marchera pas ?

    Il n’y a pas de bonne façon et lui a choisit de faire comme s’il n’existait plus.

    Le fait d’annoncer à la ronde après UNE première soirée qu’elle avait trouvé son futur mari ferait fuir n’importe qui (homme ou femme), puisqu’il est de l’entourage de ses amies il a très bien pu être mis au courant.

    3 sorties avec qq’un n’engage en rien mais je l’accord il aurait pu (sans être obligé) dire qu’il n’y aurait pas de suite à leur rencontres mais c’est la vie en 2014, société de consommation on aime pas on jette et achète un autre modèle!

    J’ai vécu pire, après 3-4 rencontres me rendre compte que le mec est en couple (pcq selon lui, il n’a pas menti quand il a répondu non à la question « es-tu marié » , car il n’est effectivement pas marié mais « en couple »).

    J’espère sincèrement qu’elle n’a jamais envoyé cette lettre car c’est définitivement inapproprié de faire des reproches à cet homme. On tourne la page, on lève la tête et on efface.

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    • Bonjour Marie.
      Une femme s’est rendu compte que je ressentais quelque chose de particulier pour mal, mais espérait se tromper. Elle m’a envoyé un courriel pour me dire que ce n’était pas réciproque. Bien sûr, ça m’a fait de la peine, mais c’est mieux ainsi que de me laisser rêver inutilement. Dans son message, elle avait fait part de sa crainte de me blesser, ce que j’ai trouvé délicat de sa part.

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      • Erreur dans le texte précédent: « je ressentais quelque chose de particulier pour elle » et non « je ressentais quelque chose de particulier pour mal »

        Désolé.

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      • Anne-Marie Dupras

        J’ai lu « prof et « louche » et je me suis dis « J’espère que c’est pas le même qui a brisé mon cœur avec une massue pis une chainsaw » S’il a un prénom en 2 syllabes, fais-moi signe!

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