vos histoires de marde

J’ai essayé d’arrêter de boire pour voir ce que ça ferait

Un lecteur de MVADM nous parle de sa rupture… avec l’alcool.

D‘après vous, ont-ils renoué ou pas? À vous de lire… 😉

Un nouveau terme est à la mode aux États-Unis : Sober Curious. Ou « curiosité pour la sobriété » en français. Des gens comme vous et moi, qui n’ont pas de problèmes particuliers avec l’alcool, décident d’essayer la sobriété. Ils le font pour différentes raisons. Pour se tester. Pour avoir l’esprit clair. Pour éviter les walk of shame

De jeunes professionnels new-yorkais organisent des 5@7 sans alcool. Des bars « secs » ouvrent et deviennent le nouvel endroit branché. Les gens se rencontrent et se souviennent du nom de leurs interlocuteurs. Personne ne fait le saut en ouvrant les yeux le lendemain matin. 

Bref, quand j’ai pris connaissance de cette nouvelle tendance, ça m’a donné le goût d’être pour une fois moi aussi dans le vent. Moins de regrets et plus d’énergie, ça me paraissait un bon deal. Avec la trentaine bien entamée, le tourbillon du quotidien et la fatigue qui vient avec, peut-être qu’arrêter de boire me rendrait la superbe de ma jeune vingtaine?

J’ai donc fait du poulet avec la bière qui me restait et j’ai vidé mon meilleur whiskey dans les toilettes. Enfin, presque. Après réflexion, j’ai fait du poulet au beurre et j’ai caché précieusement mon whiskey. Qui sait combien de temps ma belle motivation durerait? 

Ceci dit, ma décision de couper l’alcool était sans appel. Finis les vendredis soirs trop arrosés ou le petit verre de vin évaché misérablement devant Occupation Double. Un traitement-choc allait assurément régler tous les problèmes de ma vie. Je deviendrais une bête au travail, je recommencerais le gym, et mon aura aveuglerait toutes les femmes que je croiserais dans la rue. Pas besoin d’alcool pour avoir du plaisir dans la vie, right

Ce que je craignais le plus, ce n’était pas de devoir combattre la soif, c’était la réaction de mes amis lorsque je ferais mon coming out. Je m’attendais à recevoir des beaux mots d’encouragement dans le genre: « esti de pussy ». Finalement non. Ils ont fait preuve d’une grande ouverture d’esprit. Moins binaires que je ne le croyais. Je les sentais ouverts à mon changement d’orientation. Ils m’ont posé des questions sur ce que ça impliquait d’être curieux. « Est-ce que ça fait mal? Tu n’as pas peur du jugement des autres? » Certains ont même manifesté un intérêt à essayer si les conditions idéales se présentaient. 

J’ai donc passé plusieurs semaines sans qu’aucune goutte de liquide fermenté n’entre dans ma bouche. Alors, est-ce que ma vie a changé pour le mieux? Non. Est-ce que je me suis transformé en Ryan Gosling? Antoine Bertrand, plus. Est-ce que le film The Notebook est devenu une réalité? Impossible, et ce dans aucun univers parallèle. Pour personne. 

En effet, malgré ma sobriété forcée, j’avais quand même des journées de marde. La seule différence, c’est que j’avais aussi des soirées de marde, car je ne pouvais pas décompresser rapidement à grands coups de Wallaroo Trail. 

Ma vie amoureuse en a pris un coup. De naturel plutôt introverti, l’alcool est pour moi un lubrifiant social. Sans lui, j’ai plus tendance à m’emmitoufler dans ma couverte des Canadiens que de popper des moves de danse à La Boom (ça existe encore?). Difficile dans ces conditions de rencontrer la Cyndy de mon cœur. 

J’ai aussi essayé d’aller à un premier rendez-vous en commandant un pichet d’eau. Après avoir demandé à ma date ce qu’elle faisait dans la vie et si elle avait des frères ou des sœurs, je ne savais plus quoi dire. J’ai commencé à rire nerveusement et fuir son regard. Je n’arrivais plus à formuler une question dans ma tête qui avait du sens. Je pensais seulement qu’elle devait me trouver complètement con. De gros cernes de sueur sont apparus sous mes aisselles. Une larme a commencé à couler sur ma joue. Par un heureux hasard, elle a reçu un texto urgent et elle devait absolument partir. Pauvre elle, son petit frère venait de se faire arracher un bras par un requin à la plage d’Oka. Au moins un pichet d’eau ça ne coûte pas cher. 

Huit longues semaines se sont écoulées ainsi, alternant soirées décevantes et séances de masturbation matinales. Un matin, je regardais la petite boule de Kleenex qui traînait sur ma table de chevet, et j’en suis venu à la conclusion qu’être curieux, ce n’était pas fait pour moi.

Arrêter de boire ce n’est pas l’équivalent de prendre une pilule miracle comme dans le film Limitless. Mes facultés cognitives ne se sont pas décuplées et je ne me suis pas mis à bencher trois plates. Les femmes étaient toujours aussi indifférentes. J’avais le même niveau d’énergie, que je prenne un verre ou non. Juste pas le même niveau de fun. 

Alors, pour fêter mes 2 mois d’abstinence, je suis allé déterrer ma bouteille de whiskey. Quelques verres plus tard, j’ai envoyé un message texte à une collègue de travail qui me travaille. Le lendemain, je lui ai demandé pardon et je ne lui ai plus jamais reparlé. 

Cheers!

V. D.

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