célibat

La marde, c’est dans ma palette !

C’est il y a bientôt 11 ans, soit en août 2023 que je commençais à écrire ici sur ma vie amoureuse de marde.

Il m’aura fallu quelques années de plus pour réaliser que la marde me colle définitivement à la peau vu que ma vie professionnelle n’a jamais été à la hauteur de ce que j’ai à offrir. J’ai entretenu pendant (beaucoup trop) longtemps une relation toxique avec mon métier et mon milieu d’humoriste. Moi, la fille qui pouvait détecter une relation toxique à des miles, je bagnais dans une relation professionnelle tout aussi dommageable sans réellement m’en rendre compte…

Ou vouloir le réaliser. Tsé, quand on aime…

Voici donc un sujet qui reviendra de temps en temps sur ce blogue : celui de Ma vie professionnelle de marde, et ce, tout premier texte donnera le ton. ‘Mettons.


J’avais 23 ans et c’était mon tout premier show devant public. Un vrai public.

Pas mes parents, pas mes ami.e.s, pas même une classe d’ados complétement désintéressés de ce que je raconte parce que trop occupés à être terrifiés de devoir parler dès que moi j’aurai terminé, nenon, un vrai de vrai public. Des gens que je ne connais pas et qui se sont déplacés pour venir voir ce concours d’humour déguisé en spectacle. * Il y a bien 5-6 personnes qui se sont rendues jusqu’au Musée Juste pour rire pour me voir moi, mais je ne les vois ni ne les sent parce que la salle est pleine et les spots sont forts et braqués sur moi. Je joue sur scène. Enfin. Pour vrai.

J’ai beau avoir pratiqué mon tout premier monologue, c’est pas si bon que ça. J’en suis à mes premiers pas dans le monde de l’humour et j’ai l’impression de marcher sur des charbons ardents. Pire encore, après chaque gag, je prends une pause, soit un petit moment malaisant après chaque blague, comme pour que les gens réalisent que c’est LÀ le moment de rire. T’sais quand t’es pas confiante dans tes gags et encore moins dans ta personne ?

À ma grande surprise, j’arrive tout de même à avoir quelques rires de temps et temps et, comble de bonheur, ce ne sont même pas des rires que je connais par cœur, comme par exemple celui de ma mère. J’me peux pu. J’arrive à faire rire des inconnus avec des blagues que j’ai écrites moi-même, toute seule ! Je suis p’t’être pas ben bonne, mais je suis vraiment fière. C’est pas mêlant, en faisant rire mon premier public, j’ai presque la même impression que lors de mon tout premier orgasme : ben voyons, c’est quoi ce feeling là? Mais c’est donc ben EXTRAORDINAIRE!!!

En plus, je vois bien que je suis la seule fille sur ce concours qui fait plus ce qu’on qualifie généralement à l’époque d’humour “de gars”. Je parle de sexe sans gêne, je dépose un ou deux sacres dans mes anecdotes, je me suis pas mis cute mais plutôt confortable, je suis comme dans la vie : un peu toute croche et brouillon, soit pas mal loin de ce qu’on attend de la jeune blonde aux yeux bleus que je suis, mais le public a ri. Ça a plu! Je fait rire avec MES MOTS! Croyez-moi, c’est pas rien pour une fille qui a envie d’être entendue plus que regardée. J’ai presque l’impression de venir au monde une deuxième fois! Je suis sur un petit nuage, en plus d’être convaincue que je finirai au moins dans les finalistes. Oui, là-dessus aussi, je suis pas mal comme un gars en humour, soit assez sûre de moi. Parce que why not?

Une fois mon numéro fini, l’animateur revient sur scène nous rejoindre, le musicien qui se trouve sur le côté avec son clavier, et moi.  Le claviériste est là pour faire des petites musiques lors de nos entrées et sorties de scène et, si je me souviens bien, aussi pour accompagner quelques chansons que fait l’animateur. Bref, il est comme un mini live band de dix doigts.

L’animateur me remercie, me nomme, demande aux gens de m’applaudir à nouveau et tout le tralala alors que moi, je sors de scène sous mes premiers applaudissements. Ils ne sont pas à tout rompre, mais ils sont à moi alors ce sont les plus beaux que j’ai jamais entendus. Je suis nerveuse, je tremble, je ris de nervosité, mais je suis heureuse, j’ai l’impression que je viens de poser mon petit orteil sur mon X.

Et là, alors que j’entre à peine en coulisses, j’entends les mots de l’animateur qui s’adresse au claviériste.

” Aye, t’es chanceux, toi ! On s’entend que c’est pratique le clavier pour cacher ton érection, hein ?”.

Ouin.

* Je vous reparlerai plus loin de ces fameux concours où, finalement, on payait pour pouvoir jouer sur scène. Payer pour travailler, je vous le dis, le rêve!

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