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Ma première langue

Dans une vie amoureuse, il y a, du moins on l’espère, des baisers. Des petits becs cutes, des plus tendres et bien entendus, des french kiss, avec la langue pis toute.

Je me souviens de mon premier french kiss comme si c’était hier et pourtant… c’était en 1984! (Si vous n’avez aucun souvenir de 1984, imaginez que Madonna est une jeune poulette qui fait ses débuts : oui, ça fait un méchant bout.)

Comme mon existence a commencé à tourner autour des gars un an avant ou à peu près, j’en rêvais presque à temps plein de ce fameux premier french kiss là. J’y pensais un peu comme on pense aux huitres avant d’en avoir gouté : ça a l’air franchement dégueulasse, mais tout le monde a l’air d’aimer ça, faque: Oui, moi aussi je veux essayer!

Bien entendu, dans mon fantasme, c’était un moment rien de moins que magique. Ça arrivait sur une plage, en dansant un slow collé-collé ou, à tout le moins, dans une certaine intimité. Juste tous les deux, à se regarder dans les yeux pour finalement s’embrasser passionnément, il y avait même une trame sonore qui jouait dès que j’y pensais. Bon, ok, je l’avoue, dans ma tête ça allait se passer comme dans La Boum avec Sophie Marceau. Si vous ne l’avez pas vu, pensez à un couple qui s’embrasse, à des cœurs qui fondent et à des filles qui font des « Honnnnnn » comme si c’était l’affaire la plus cute au monde et vous avez tout compris.

La chute fut terrible. Moi pis mes rêves de grandeur aussi!

Le jour où ma langue en a finalement rencontré une autre de très très très près, il pleuvait. Je m’en souviens parce que dans ce temps-là, les surveillantes de mon école nous envoyaient passer nos récréations dans l’amphithéâtre. Et devinez à quoi on jouait pour passer le temps? Non, pas aux devinettes. Non, pas aux charades. Non, pas au docteur, mais vous chauffez parce que oui, on jouait à Vérité/Conséquences*.

*Un jeu tordu qui n’a en fait pour seul but que d’obliger les gens à faire des choses, qu’ils le veuillent ou pas. Un genre de Jean dit touche-pipi.

Quand on y pense, on se rend compte que ça ne prend pas grand-chose quand on est jeunes pour s’amuser et s’émoustiller : une journée de pluie, un film d’horreur, une bouteille vide…

Je me rappelle plus ou moins le contexte ce jour-là, mais je me souviens qu’à un moment donné j’avais le choix entre trois conséquences du style :

Sois-tu :

– va voir la surveillante et tu lui dis d’aller chier

– coure autour de l’amphithéâtre toute nue

– frenche Marc-André : 10 tours de langue.

Parce que oui, les autres autour de nous comptaient les tours de langue. On notera ici au passage que les hormones se pointent pas mal plus tôt que le jugement et le concept de l’intimité chez l’être humain.

Le Marc-André en question il n’était pas laid. Le problème c’est qu’ il n’était pas beau non plus. Comme on disait dans ce temps-là « Yé beau de loin, mais yé loin d’être beau».

Il était ordinaire, qualificatif qu’on donne aux chips qui n’ont pas de saveur. Des chips ordinaires, c’est… ben c’est ordinaire! Sauf qu’y’avait pire que lui et ça, je le savais.

J’aurais pu tomber sur celui qui se racle la gorge et crache une substance quasiment verte à tout bout de champ, ou sur l’autre qui s’amuse à tirer sur les soutiens-gorge des filles en riant niaiseusement. Ça fait que je me suis dit que c’était un meilleur deal de frencher Marc-André que de m’humilier publiquement ou me faire coller une rencontre chez le directeur ou pire encore, trop attendre pis finir par mêler sa langue pour la première fois avec le gars qui crache vert, donc j’ai choisi Marc-André.

Pas besoin de vous dire que je n’imaginais pas mon premier french comme ça : avec un gars qui me plaît pas, devant plein de monde, pas loin de filles qui chantent « Un éléphant qui se balançait, sur une toile, toile, toile, toile d’araignée » en tapant des mains et de gars qui font des jokes de pets et de crottes de nez.

Mais bon, j’avais pas trop le choix et j’avais hâte de l’avoir fait, donc je l’ai fait. Je me suis penchée vers M-A, il s’est penché dans l’autre sens, on a ouvert nos deux bouches comme des poissons, on a rentré nos langues dans la bouche de l’autre et on a tourné au son de « 1….2…3… ».

Y’a comme rien de moins romantique comme baiser que ça je pense.

D’un autre côté, y’a pas mieux comme premier baiser d’une longue série d’une vie amoureuse de marde. Ça fait que merci Vérité/Conséquences, t’as pas mis la barre trop haute.

Malgré ce french kiss aussi public que décevant, j’en ai aussi eu des fantastiques et je peux dire que je suis une fan finie de ce doux baiser. Quand j’ai découvert comme ça pouvait être agréable, je suis devenue une adepte pour la vie. En plus, je suis certaine que ça garde jeune!

Parait que quand on aime on a toujours 20 ans, mais quand on frenche, on dirait qu’ on a encore 14 -15 ans. À cet âge-là, on ne faisait que ça parce que c’était là qu’on était rendus, mais on y prenait un joyeux plaisir. Et ce plaisir j’ai réussi à le conserver. Quand j’ai rencontré mon ex-fiancé, c’est un des moments qui m’a le plus marquée, quand on s’est embrassés pour la toute première fois.

On a commencé à s’embrasser sur le coin de la rue pour se dire au revoir et on ne s’est pas lâchés pendant au moins 2 heures. Le temps s’était arrêté et nous on frenchait à bouche que veux-tu. Comme deux ados. Et j’en ai apprécié chaque lichette, bec et coup de langue.

J’ai l’impression que l’art du french kiss est en train de se perdre et je trouve ça tellement triste. Je ne veux pas être en deuil du cet incroyable baiser, c’est tellement important dans les relations amoureuses de s’embrasser quand j’avais 13 ans-14 -15 ans, ma vie sexuelle se résumait à ça : frencher. J’aurais pu frencher pendant des heures et des heures. C’est certain qu’avec le temps, le french a fini par se faire succéder d’autre chose avec moins de linge, mais on continue de frencher avec passion. Un gars quine sait pas m’embrasser n’aura jamais rien de plus de moi, pour le baiser c’est comme le test drive de la baise. Donc si le baiser est poche, je me dis que ce gars-là, le baiser est poche.

C’est peut-être niaiseux, mais c’est comme ça

C’est tellement un bel indice de la compatibilité entre deux personnes, s’embrasser.

Et c’est pas mal plus que ça! Le rêve!

L'âme rencontre l'âme sur les lèvres des amoureux

Percy Bysshe Shelley

Complément de lecture

Pour moi french kiss ça voudra toujours dire 2 chansons bien précises  :

Purple Rain de Prince et Careless Whisper de Wham. Pourquoi celles-là spécifiquement? Parce qu’elles étaient longues et tellement langoureuses. C’était les chansons préférées de beaucoup des jeunes dans les danses où j’allais, lieu de prédilection de l’ado qui souhaite danser collé et frencher pendant de longues minutes….

*Ce texte  se retrouve aussi dans le livre « Ma vie amoureuse de marde » publié aux Édition de l’homme , disponible en librairie et ici


 

Et vous, votre premier french, vous en souvenez-vous?
Allez, racontez-nous ça

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