Lettre à François
Vous vous souvenez de la Lettre à Hubert?
Ça avait fait jaser (et écrire) pas à peu près! Eh bien son auteur, a.k.a. Michael Melvin, récidive et cette fois-ci c’est à nulle autre que l’ex Dragon François Lambert qu’il s’adresse. T’sais, celui qui a pris la peine, entre deux épiceries à 75$, de donner son opinion sur la “supposée” charge mentale des femmes?
“C’est quoi le rapport avec la vie amoureuse de marde”, que vous vous demandez peut-être?
Je me dis que comme ici c’est 95% des femme qui lisent et que ces femmes, plus souvent qu’autrement, sont prises d’une façon ou d’une autre avec la charge mentale, oui, ce billet est pertinent. D’autant plus que ça va en rassurer plus d’une de lire ce texte écrit par un homme, ce qui rappelle en passant que oui, des bons gars avec une tête sur les épaules et un coeur à la bonne place, il y en a encore.
Fiou! 🙂
François, que se passe-t-il?
Les Québécoises sont fâchées François et j’ai réalisé qu’une partie de toi est responsable de ce mécontentement collectif fémininement fragrancé. Ma douce épouse habituellement si attentionnée, si avenante, si délicate à mon endroit (je suis l’homme le plus chanceux de la Terre de l’avoir dans ma vie) est devenue rêche, abrupte, voire sèche! Pas sèche de façon si évidente, mais sèche comme quand un travailleur de la construction te caresse le visage de sa main rugueuse. C’est un geste qui se veut tendre, mais en fin de compte, ça râpe un peu.
Dans ma p’tite tête de gars qui coupe parfois les coins ronds et qui cache la poussière sous le tapis, j’ai blâmé ses hormones. Elles ont le dos large ces hormones et j’en profite à l’occasion. J’ai même poussé mon audace de bonhomme qui ne veut pas se bâdrer d’analyses en accusant le surexploitable SPM. Oh lui, on l’utilise donc et on en abuse à outrance, à toutes les sauces, sans avertissement. On n’a aucune idée de votre cycle mesdames, mais mautazus qu’on aime ça vous le sortir votre syndrome quand on est à court d’arguments, peu importe le moment du mois.
François, je t’ai découvert dans un Souper presque parfait. Entre un jovial Vianney et une Lise capricieuse dont les mimiques et répliques évoquaient en nous le souvenir lointain de Tatie Danielle, tu me fus sympathique. Te rabaissant au niveau de la plèbe et te mêlant à cette souillonne populace, tu fis bonne figure. Tu cuisines bien d’ailleurs, je te le concède. De mémoire, tu as même gagné à une de tes apparitions et tu as remis le chèque à un organisme ou à une cause, car, des 2000$, on le sait, tu en as plein déjà des affaires comme ça dans ton cochon. C’est noble de ta part et on ne peut que s’incliner devant cette généreuse offrande. Y’a pas à dire, ma belle-mère préférerait vraisemblablement t’avoir comme gendre que moi. Mais bon, désolé belle-maman, z’êtes pognée avec moi, car votre fille, je vais la chérir longtemps.
J’ai appris à te « connaître » plus intimement en tant que puissant Dragon aux écailles reluisantes de dorure, cette émission dont le panel a été composé tantôt d’humains inspirants et tantôt d’individus louches. On s’est même croisé un jour à TVA, mais tu ne m’as pas reconnu. Je ne t’en veux pas, j’ai moi-même peine à me reconnaître parfois. Certaines personnes sont animées par la sexualité, d’autres par la vitesse, il y en a pour qui c’est le Scrabble, toi, visiblement, c’est l’argent. Il est en fait possible que ce soit la sexualité, la vitesse, le Scrabble et l’argent, mais la façon dont tu nous es vendu, c’est de par ton rapport avec le fric. Est-ce mal? Est-ce bien? Je n’ai que pour seule réponse que, pour moi, l’argent paie les comptes, offre du confort, diminue le stress et engendre assurément l’envie de tes congénères, mais ne définit en rien ton intériorité, ta profondeur, ta valeur humaine, ta pertinence sociale, ton utilité planétaire. Mais surtout, il ne privilégie pas ton droit de parole.
Là où ça ne fonctionne pas pour mon humble moi, François, c’est quand tu parles de la charge mentale des femmes. Pourquoi sent le besoin de s’immiscer un homme dans comment vivent et ressentent des femmes? Pourquoi cette espèce de patriarcat pesant plane-t-il encore et vient-il saouler et écoeurer à peu près tout le monde? Peut-être te sens-tu doté d’une capacité d’empathie supérieure pour des raisons qui t’appartiennent, mais, svp, parle au « Je », parle de toi, parle au masculin, au pire, parle pour les hommes même si ça ne nous englobe pas tous, mais de grâce, arrête de parler de ce qui ne te regarde pas. As-tu une vulve? Est-ce que de ton utérus a jailli la vie? Est-ce que secrètement tes ovaires sécrètent de l’œstrogène? Et je dis cela au même titre que quand une femme me dit avec attitude « Un vrai homme, ça fait pas ça, bon! », ça m’irrite et m’agresse de virulente façon.
On a assez de notre pénis et de notre égo à administrer. Les femmes ont-elles vraiment besoin que les hommes prennent position et action sur leur avortement, sur leur charge mentale, sur leur vie, si ce n’est que de les accompagner respectueusement? Il me semble qu’elles sont en mesure de gérer ce qui leur appartient…me semble. Laisserais-tu quelqu’un que tu ne connais pas venir gérer ton compte en banque, François?
Mon beau François, tu viens de nous pondre un écrit dans lequel tu nous dis 30 fois ce que tu penses. On t’en remercie, mais, si jamais il te venait l’idée saugrenue de nous partager ton opinion une 31e fois, je t’en conjure, ravale là si celle-ci traite de quelque chose qui ne te concerne pas, car tu nous mets tous dans de sales draps.
Michael Melvin